Nous avons organisé durant la Saison de la Turquie le 24 novembre 2009 en collaboration avec la librairie Ombres Blanches une rencontre avec Nedim Gürsel, à l’occasion de la parution de son roman Les Filles d’Allah (Seuil).
Né en Turquie en 1951, Nedim Gürsel est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, romans, nouvelles, récits de voyage, essais littéraires. Lauréats de plusieurs grands prix littéraires, dont le Prix France-Turquie, il occupe une place primordiale dans la littérature de son pays et son œuvre est traduite dans de nombreuses langues. Il vit à Paris, où il est directeur de recherche au CNRS et enseigne à l’École des Langues Orientales.
RESUME DU LIVRE
Un petit garçon, après le décès de son père et le départ de sa mère, est élevé, dans la petite ville de Manisa, par ses grands-parents. Le grand-père, propriétaire terrien, juriste, mutilé de guerre et musulman d’une grande piété, s’efforce d’inculquer à son unique petit-fils les principes de l’islam. L’imaginaire de l’enfant se nourrit ainsi des versets du Coran et des légendes que lui conte inlassablement sa grand-mère. Il se crée sa propre vision, hantée par le bien et le mal et les épisodes de la vie de Mahomet, qu’il partage avec ses camarades, et surtout avec le petit Ismaïl, fils d’un émigré des Balkans, qui l’initie en retour aux aventures de Tarzan. Le récit prend un autre chemin lorsque le narrateur, devenu adulte, découvre, parmi les papiers de son grand-père décédé, un carnet de notes prises pendant la Seconde Guerre mondiale. Envoyé en Arabie, dans le Hedjaz, comme officier de l’Inspection du Ministère de la Marine, en tant que juriste maîtrisant parfaitement la langue arabe, il se trouve amené à combattre d’autres musulmans et à défendre la ville sainte de Médine contre les Arabes insurgés devenus alliés des Anglais. Ce qui aurait pu être un pèlerinage devient une sorte de cauchemar. Par ce roman pour une bonne part autobiographique, Nedim Gürsel fait un retour sur son enfance et sur les sources de sa pensée et de sa sensibilité. Il se livre à une patiente et subtile réflexion sur l’époque qui a vu la Turquie moderne, sortir, dans les convulsions, de la dépouille meurtrie de l’empire ottoman.